Une pratique de classe autour des feuilletons

Un enseignant parisien nous propose sa pratique des feuilletons :

Une séance de lecture autour des feuilletons de Murielle Szac

Cette « séance type » propose plusieurs variantes d’une activité qui peut se mener en une ou plusieurs séances. Elle s’appuie sur mes pratiques de classes de ces dernières années, nourries entre autres par les réflexions indispensables de Serge Boimare ou les ateliers du GFEN. Elle ne se veut en aucun cas modélisante, mais j’espère qu’elle contribuera à lancer une discussion pour l’améliorer et suscitera de nouvelles pratiques.

Compétences (pour le cycle 3)

– Prendre part à un dialogue : prendre la parole devant les autres, écouter autrui, formuler et justifier un point de vue.

– Prendre la parole en respectant le niveau de langue adapté.

– coopérer avec un ou plusieurs camarades

– Repérer des informations explicites et inférer des informations nouvelles (implicites)

– Repérer les effets de choix formels (emplois de certains mots, utilisation d’un niveau de langue bien caractérisé, etc.).

– Dégager le thème d’un texte.

– Utiliser ses connaissances pour réfléchir sur un texte (mieux le comprendre, ou mieux l’écrire).

– Participer à un débat sur un texte en confrontant son interprétation à d’autres de manière argumentée.

Phase 1. Lecture magistrale théâtralisée.

– Les élèves rangent tout ce qui est sur leur table, les trousses sont fermées.

– « Je vais vous lire un nouvel épisode. Ensuite vous me direz ce que vous avez entendu, vu/imaginé dans votre tête et compris. Vous pouvez fermer les yeux pendant la lecture si ça vous aide à mieux voir et entendre l’histoire »

– Demander aux élèves « qui peut me résumer ce qu’il s’est passé lors de l’épisode précédent ? » Inviter les élèves à compléter éventuellement le résumé du premier intervenant sans perdre de vue qu’il ne s’agit pas de raconter à nouveau, mais de rappeler brièvement la trame.

– Dire : « Voici le résumé qu’a écrit l’auteur » et le lire. Permettre d’éventuelles remarques sur les différences entre le résumé de la classe et celui du livre et enchainer avec la lecture de l’épisode.

Procéder à une lecture expressive lente en théâtralisant les dialogues et en caractérisant les personnages par des voix, des rythmes et des tons différents que les élèves pourront repérer d’une séance sur l’autre.

Il est important de créer un climat propice à l’écoute et de ritualiser cette partie qui doit être pour l’élève un moment attendu fait d’émotion et d’imagination.

Phase 2. Restitution de l’histoire

En fonction de l’âge des élèves et des habitudes de travail, divers dispositifs sont possibles :

a- Partir d’un élève, lui demander une chose qu’il a retenue de l’histoire, passer au suivant en lui demandant la même chose et noter au fur et à mesure ce qu’il se passe dans l’épisode jusqu’à ce que tous les évènements soient notés. Puis demander à la classe de les remettre dans l’ordre après avoir numéroté les évènements. Faire relire dans l’ordre.

b- Demander à un volontaire de résumer et à la classe de compléter/corriger leur camarade. Une fois parvenue à une version acceptable, cette dernière est écrite au tableau et recopiée. Elle pourra être lue en début de séance suivante pour faire le lien avec l’épisode suivant. Ce dispositif doit évoluer en cours d’année avec des contraintes progressives (ne raconter que les éléments les plus importants, résumer en trois phrases maximum, etc.).

c- Écrire un début de phrase comme « Dans cet épisode… » et laisser les élèves continuer sous forme de dictée à l’adulte. Demande aux élèves de reformuler les phrases et les transitions pour aboutir à un résumé « écrit ».

d- Partir des impressions des élèves : « qu’est-ce que tu as aimé ou pas dans cet épisode? » « Quel moment de cet épisode t’a le plus marqué? » On peut également demander aux élèves de dessiner une scène marquante de l’épisode et partir de l’explication des dessins par eux-mêmes ou leurs pairs.

Il est impératif de ne pas attendre dès le début une restitution complète, fidèle et normée, mais de laisser les élèves s’exprimer en confiance, chacun pouvant reprendre ou compléter un camarade avec bienveillance. L’objectif est que la classe dans son ensemble parvienne à une restitution de l’épisode et de poser des exigences croissantes en terme de précision et de réussite de chacun.

Pour ma part, je privilégie le -b avec mes CM. Une fois que plus aucun élève ne bloque à l’écrit, je démarre souvent par un résumé écrit individuel avant de mettre en commun. Mais ça passe par une période de résumés oraux collectifs puis par une autre de résumé par groupe à l’oral puis à l’écrit.

Phase 3. Entrée dans les intentions du texte et de l’auteur

Lors de la phase précédente, il est fréquent que les élèves réagissent à l’histoire ou aux comportements des personnages, voire lancent une discussion sur un thème évoqué par l’épisode. Dans ce cas, expliquer que l’on en parlera plus tard, noter ce que disent les élèves et l’utiliser pour démarrer cette phase (« tout à l’heure/la dernière fois, X a dit « … ». Qu’en pensez-vous ? / qu’as-tu voulu dire? »).

D’autres démarrages sont possibles :

– Par une question ouverte : Que nous dit cet épisode ? De quoi nous parle cet épisode ? Qu’a voulu nous dire/ sur quoi a voulu nous faire réfléchir l’auteur dans cet épisode ?

– En partant des impressions des élèves : » Qu’avec-vous ressenti au cours de cet épisode ? Qu’avez-vous ressenti lorsque… ? »

– En partant de questions ciblées : « Que penses-tu de l’attitude de …? Qu’aurais-tu fait à la place de … »

On lance alors le débat. L’enseignant doit à la fois être en retrait et omniprésent. En retrait parce qu’il est nécessaire de laisser les élèves débattre sans intervenir ni donner son avis personnel. Omniprésent parce que son rôle est d’animer le débat : de guider par des questions pour amener l’élève à préciser son point de vue et ses arguments, à susciter des confrontations de points de vue, à faire reformuler des contenus imprécis, bref, à structurer sa pensée. Une pratique régulière doit amener chacun à oser s’exprimer à son rythme, sans être obligé d’avoir un avis sur tout et tout le temps.

La séance se termine par un bref retour sur l’activité (« Qu ‘avons-nous fait? De quoi avons-nous parlé / sur quoi avons-nous réfléchi aujourd’hui ? »)

SCM Paris