Bruce Demaugé-Bost est enseignant depuis vingt ans dans une classe multiniveau de la région lyonnaise. Depuis près de 15 ans, il anime le Petit abécédaire de l’école. Dès 2010, il commence à utiliser les feuilletons de la mythologie dans sa classe et produit des contenus photocopiables qu’il partage sur son site. Parmi les ressources pédagogiques qu’il y propose, des fichiers complets, avec pour chaque épisode des feuilletons de la mythologie de Murielle Szac, des grilles de mots croisés et des activités en lien direct avec l’épisode du jour. Il a commencé par les 100 fiches du Feuilleton d’Hermès (disponibles en téléchargement gratuit ). Le dernier en date (juillet 2020) est un recueil des 100 fiches réalisées pour exploiter le feuilleton d’Artémis.
Bruce, cela fait des années que vous produisez des contenus autour des feuilletons. Comment tout cela a-t-il commencé ?
Chaque automne, je participe aux stages de l’ICEM 34 (Hérault). Ces stages autogérés accueillent pendant 4 jours plus d’une centaine d’enseignants et leurs familles qui vont échanger et se former autour de pratiques coopératives.
En 2010, des collègues m’ont parlé du Feuilleton d’Hermès (et de Serge Boimare) et j’ai tout de suite essayé de le travailler en classe. Et depuis, je n’ai pas arrêté les feuilletons. Cette année c’était Artémis. Et l’an prochain, je m’attaque (à nouveau) au Feuilleton de Thésée !
Pourquoi cet engouement pour la mythologie ?
Parce que l’engouement est avant tout du côté des élèves ! Dès la première lecture, ils se sont identifiés à Hermès. Puis ils sont entrainés par les péripéties, l’inattendu. Ils vivent aussi un moment de rupture quand Hermès grandit…
De mon côté, j’apprécie les feuilletons pour leur contenu culturel fort. Les élèves développent des références culturelles qu’ils vont ensuite avoir plaisir à repérer dans leurs futures lectures.
Dans mon école, nous sommes plusieurs enseignants à utiliser les feuilletons ce qui donne lieu à des discussions entre élèves qui travaillent sur des feuilletons différents
Ma vision de la classe est orientée par celle de Serge Boimare ; le travail quotidien autour des feuilletons leur donne un statut de rituel et j’appuie certaines de mes activités d’enseignement autour de ce fil rouge.
En dehors de la lecture, je travaille ainsi principalement vocabulaire et grammaire. Pour le vocabulaire, l’étymologie permet de créer de nouveaux ponts avec l’Antiquité. Ou encore les expressions liées à la mythologie.
En grammaire, l’analyse quotidienne d’une phrase tirée de l’épisode du jour, ainsi que l’utilisation des symboles Montessori, permet de faire passer des concepts et d’automatiser progressivement le repérage des natures et des fonctions. Mais il faut s’obliger à en faire chaque jour.
Enfin, les feuilletons permettent de travailler la laïcité et la question religieuse, sans interdit, avec une mise à distance à laquelle j’ajoute des compléments historiques.
Comment créez-vous vos fiches ?
Il me faut actuellement environ 3 h pour créer une fiche. J’en prépare environ une trentaine pendant les vacances pour démarrer l’année. Une fois le stock épuisé, je travaille (malheureusement) à “flux tendu” pour créer et adapter les fiches aux besoins de mes élèves.
Cette année a été particulière. Pendant le confinement, j’ai dû créer de nouveaux outils, travailler à la fois en présentiel et en distanciel, ce n’était plus possible ! J’ai alors momentanément repris Hermès et ses fiches déjà créées et on est retournés sur Artémis une fois la reprise achevée. Nous avons eu la chance et le plaisir de pouvoir atteindre le centième épisode d’Artémis avant les vacances d’été, en conservant notre rythme d’un épisode quotidien.
Vos fiches ont évolué depuis les premières créations de 2010
Oui, bien sûr ! Les fiches pour Hermès ont été plus faciles à réaliser. Le travail que je proposais était davantage axé sur la compréhension du texte et sur les aspects culturels, mais au bout de 100 fiches, j’avais un peu l’impression d’avoir fait le tour d’une grande partie de l’iconographie antique disponible en ligne.
Celles sur Artémis sont plus lourdes à réaliser, plus éloignées de ces aspects et plus liées au vécu de la classe et aux besoins en étude de la langue. Les 50 premiers épisodes travaillent systématiquement les natures de mots. Puis des questions sur les pluriels ou les verbes conjugués rendent nécessaire l’utilisation du vocabulaire de la grammaire en situation donc la nécessité d’en maitriser les tenants et les aboutissants. La plupart des fiches contiennent également des mots croisés pour travailler le vocabulaire de manière autonome. Ça m’a paru aussi nécessaire parce que je trouve le vocabulaire d’Artémis plus exigeant.
Est-ce que je risque de perdre l’objet du texte ? De trahir l’oeuvre ? J’ai bien conscience de proposer en partie une vision utilitaire et moins respectueuse de l’oeuvre littéraire et mon travail ne se limite pas à ces aspects.
Quel a été l’apport de Serge Boimare ?
La lecture de ses livres1 m’a fourni un modèle explicatif convaincant du fonctionnement des élèves en difficulté. Les travaux de Daniel Favre, enseignant en sciences de l’éducation et en neurophysiologie2 m’offre un modèle explicatif complémentaire sur leur motivation. Ces apports sont précieux pour guider mes choix pédagogiques et mes pratiques.
Que constatez-vous comme effet auprès de vos élèves ?
Les progrès et les acquis sont de plusieurs ordres :
Les compétences de lecteur et de compréhension par l’entrainement quotidien, les activités de recherches dans le texte
Le travail progressif sur la langue. Comme avec le travail sur les titres de dessins animés, je cherche à faire acquérir aux élèves aisance et niveau de grammaire élevé grâce à la répétition et au travail quotidien.
Les questions d’EMC. L’an dernier, nous avons lu L’effet Matilda d’Ellie Irving et Histoires du soir pour filles rebelles, Artémis a été un complément logique.
Et maintenant ?
Cet été, je travaille avec un éditeur sur un projet autour du jeu en classe. Je cherche des informations pour mes défis sur les évènements importants de l’année.
Et l’an prochain, je reprends Thésée, avec pour objectif de venir à bout des 100 fiches. D’ailleurs, je vais devoir vous laisser, la fiche 32 m’attend !
Merci et bonnes vacances studieuses, nous attendons vos prochaines fiches !
1. le dernier en date est Boimare, S. (2019). Ces enfants empêchés de penser. Dunod
2. Favre, D. (2015). Cessons de démotiver les élèves-2e éd.: 19 clés pour favoriser l’apprentissage. Dunod
Liens utiles :
- vers le site de Bruce Demaugé-Bost
- pour télécharger les fiches sur le feuilleton d’Hermès
- pour télécharger les fiches sur le feuilletond’Artémis
Mise à jour avril 2021 : Bruce a mis à jour son site avec une page consacrée aux feuilletons. Vous y trouverez ses nouveaux fichiers d’activité pour le feuilleton de Thésée et les corrigés des mots croisés !