Murielle Szac était l’invitée du podcast « Histoires de jeunesse » consacré aux écrivains pour la jeunesse. Lors de cet entretien passionnant de près de 3/4 d’heure autour d’un apéro crétois, elle nous offre la lecture du premier épisode du feuilleton d’Artémis ! Mais auparavant, elle évoque son travail, ses souvenirs et ses valeurs…
Elle se souvient d’abord de tous ces livres, ces « petits cailloux » qui ont balisé son chemin depuis l’enfance et dont elle réinventait parfois la fin. De sa première rencontre avec un écrivain lorsqu’elle était au collège et de son plaisir de lire lorsqu’elle était adolescente.
Si ses feuilletons flirtent autant avec la tradition orale, c’est peut-être la faute à Prévert qu’elle a lu très tôt et dont la poésie qui repose sur une langue de tous les jours continue de la réjouir. Et si elle dit ne pas se sentir poète, son écriture baigne dans la poésie. Peut-être à cause de Rimbaud cette fois, qui a compté dans sa jeunesse plus que Baudelaire. Certainement parce que la poésie est dans sa vie chaque jour, à travers le poète Bruno Doucey qui partage sa vie et dont la maison d’édition est entièrement dédiée à la poésie. Assurément parce que ses écrits, comme la poésie, permettent d’« approcher une réalité et la donner à voir à tout le monde. »
Elle raconte aussi comment les livres naissent en elle. Chaque matin, dans cette maison de Crète qui les a choisis, son compagnon et elle, elle se lève tôt et s’installe sur la terrasse, bercée par la voix et la musique de la chanteuse Χάρις Αλεξίου (Haris Alexiou). Elle commence à écrire lorsque les deux chats errants qu’elle a baptisés Artémis et Apollon se sont installés pour la regarder travailler. Mais l’écriture a commencé bien avant l’acte d’écrire. D’abord de la naissance d’une nécessité intérieure, celle d’avoir quelque chose à dire. Puis, parallèlement les personnages s’incarnent et cherchent à impulser quelque chose de leur vie propre pour tirer parfois l’histoire dans une direction inattendue. Pour Murielle, l’écriture n’est jamais quelque chose de douloureux. Ce qui n’empêche pas les affres du doute de pointer leur nez de temps en temps !
Le choix de créer des ouvrages de littérature jeunesse repose en grande partie sur son besoin de partager son écriture. Et partager avec des enfants est d’une incroyable richesse. Elle nous confie que les enfants enlèvent les doutes. Les rencontres avec eux sont marquantes et « légitiment les intuitions que j’ai comme écrivain ».
Quant à sa fascination pour la mythologie, elle tient à la capacité de celle-ci à refléter la vie, à poser des questions existentielles, à nous aider à avancer dans ce « monde brouillé ». Et avant tout à générer de l’empathie. La mythologie résonne en chacun de nous et ce n’est pas un hasard si elle parle à tous et à tous les âges !
Murielle parle enfin longuement de la résistance et de la place qu’elle occupe dans son histoire personnelle, dans sa vie et dans ses textes. Dans son histoire familiale d’abord, avec des grands-parents résistants ou pourchassés. Dans son travail de journaliste ensuite et de son premier ouvrage, Un lourd silence, publié au moment du procès du milicien collaborateur Touvier. Dans son roman jeunesse, L’Expulsion, sur les arrestations de familles étrangères. Dans ses chouchous mythologiques, Prométhée, celui qui apprend à l’Homme à relever la tête. Et Antigone qui refuse la dictature jusqu’au sacrifice. Dans cette recherche enfin de liens entre les résistances d’hier et la transmission aux lecteurs d’aujourd’hui avec la collection qu’elle dirige depuis dix ans chez Actes sud junior : « Ceux qui ont dit non ».
Alors en attendant la sortie dans quelques mois du feuilleton d’Artémis, courez écouter cette formidable interview et la lecture du premier épisode (à partir de 38 min 39 s) !